Le froid glacial s'installe en nous à Tadoussac
7 Juin 2023
Kilomètres parcourus : 2549km | Ours aperçu : 0 | Orignal aperçu : 0
Notre belle halte au parc de la Jacques-Cartier se termine et nous reprenons le chemin vers Tadoussac. Jusqu’ici j’avais plutôt bien organisé ces 3 semaines de road-trip à deux, tout était calé. Sauf ces quelques jours à Tadoussac/Saguenay, maintenant c’est à la one again — expression préférée de maman ! Les campings ne sont pas encore ouverts, il y a peu d’endroits pour faire du camping sauvage, et les parcs sont encore fermés pour la saison.
La route jusqu’à Tadoussac est magnifique, pleine de petites côtes qui nous offrent un paysage magnifique sur le Saint-Laurent. Ici, le fleuve commence à s’agrandir et on a l’impression d’être face à une mer. On aperçoit à peine la rive de l’autre côté. La seule route pour accéder à la Côte-Nord du Québec est la 138 qui longe le Saint-Laurent, on a un peu l’impression d’être sur des montagnes russes ; la route monte puis redescend et ainsi de suite sur des centaines de kilomètres. On voit le Saint-Laurent, puis il disparait et on se retrouve à longer des petits lacs, des grandes forêts, et on revient vers le Saint-Laurent. Le paysage est souvent le même et pourtant très changeant !

Notre arrivée à Tadoussac est assez particulière. Comme je le disais, il n’y a qu’une route pour aller vers le nord et pour accéder au village de Tadoussac il y a un traversier qui fait la liaison 24 heures sur 24. Un pont est en discussion depuis plusieurs années mais pour l’instant aucune construction n’est prévu — un peu le même problème que pour la rocade de Gap…! Nous arrivons dans un immense bouchon sans savoir bien où on est. Notre petit camping sauvage trouvé via une app est à 4 minutes en voiture. Mais l’embouteillage nous empêche d’y accéder.
On comprend petit à petit que l’embouteillage est dû au traversier. En effet, nous l’apprendrons une fois sur le bateau, il y a normalement deux traversiers qui fonctionnent de chaque côté de la rive mais l’un des traversiers est en réparation, et le traversier de rechange ne fonctionne plus. Ainsi, au lieu d’avoir deux traversiers qui amènent les voitures et camions d’un côté ou l’autre de la rive, il n’y en a qu’un. Nous avons patienté environ 2 heures pour accéder à ce traversier au lieu d’une quinzaine de minutes en temps normal. Heureusement on était pas pressées ni attendues ! Et on avait une super vue sur la rivière Saguenay.
Une fois la rivière traversée, notre trouvons un endroit sur un parking juste à côté du traversier pour se poser pour la nuit. On ne peut pas toujours trouvé des endroits sublimes pour dormir ! Il faut s’adapter à toutes les situations & endroits.




Finalement notre parking est plutôt pas mal, le matin il nous permet d’accèder à un petit sentier super mignon qui nous amène au dessus de Tadoussac et nous pouvons voir le village (et la baie) d’en haut avant d’aller le visiter. Il ne fait pas très beau, et normalement quand il fait un temps maussade mon humeur est maussade aussi. Mais là, je trouve ce village si mignon avec ses maisons colorées et la vue superbe sur le rivière et l’embouchure du fleuve. Je suis très heureuse d’être là. On continue notre visite des alentours de Tadoussac en nous rendant sur des dunes. Oui, des dunes dans le nord du Québec à côté de falaise et remplie d’arbres. C’est étrange de se retrouver là ! Très beau mais inattendu de trouver ça ici. S’il faisait chaud ce serait encore mieux !
Tadoussac est normalement l’endroit pour voir des baleines, même de la rive, mais la saison commence à peine et il est rare d’en voir mi-mai et malheureusement il n’y a pas eu d’exception pour nous.




Après un bon déjeuner — ou dîner comme dirait les québécois, dans un café trop mignon (faut que j’arrête avec ce mot, mais je trouve tout mignon c’est pas de ma faute !) de Tadoussac, nous partons pour longer la rivière Saguenay jusqu’à la ville de Saguenay — ils ne se sont pas embêtés pour les noms.
On trouve des balades en même temps qu’on avance. Les sentiers sont vraiment dépaysant, on est pas en France, les arbres qui tombent sont laissés sur le sentier : “c’est la nature, il ne faut pas la déranger”. C’est donc à toi de trouver un moyen pour contourner l’arbre tombé. La plupart du temps dans les parcs provinciaux et nationaux quand un arbre tombe et qu’il n’est pas possible de le contourner simplement, ils coupent un morceau du tronc ou des branches pour que les randonneurs puissent continuer leur chemin. Mais les sentiers que nous empruntons ici ne font pas partis d’un parc national alors c’est l’aventure pour avancer ! La vue en vaut vraiment la chandelle. Le fjord de Saguenay est époustouflant (j’imagine pas quand il fait beau), ces collines remplies de pins qui tombent directement dans la mer sont incroyables. On ne se lasse pas du paysage.
Par contre, on commence vraiment à avoir froid. Il fait humide et le froid n’est vraiment pas agréable. En deux-trois cliques je trouve un petit b&b à Saguenay qui pourrait nous accueillir pour la nuit. Parce que l’aventure c’est bien mais on est pas survivalistes quand même !



Notre nuit au chaud nous a bien requinquées et nous repartons vers le Lac Saint-Jean à l’ouest, dernier stop avant le Parc National de la Mauricie.
Il y a un vent glacial, on alterne entre pluie, soleil et même un tout petit peu de neige ! On aurait pu se balader le long du lac — immense lac de plus de 1000km2 — mais on avait aucune envie de quitter la voiture et de se retrouver dehors. En cherchant un peu — merci internet d’exister —, on trouve un musée sur les rives du lac consacré à la seule communauté autochtone de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean : les Ilnus.
On avait aucune attente, on souhaitait seulement se protéger du froid et on a vraiment été surprise de cette trouvaille que même les guides de la région n’indiquaient pas. Nous étions, au début, seules dans ce musée et la personne de l’accueil a pu nous présenté toutes les salles une à une tout en nous expliquant et nous donnant plein d’anecdotes sur sa culture. Le musée est très moderne, tout est interactif (ce que j’adore), il y a énormément de vidéos explicatives, et une atmosphère très agréable. C’est très enrichissant et intéressant d’en apprendre plus sur la culture ilnu, sur tous les rituels ancestrales. Par exemple, si les ilnus et autres autochtones accrochent les os des animaux qu’ils ont tué, ce n’est pas en guise de trophée pour montrer leur supériorité face à l’animal — comme nos (abrutis) chasseurs le font — mais au contraire pour se souvenir de chaque animal & pour les remercier de ce qu’ils ont pu offrir à la communauté — graisse, viande, peau, etc. On en apprend aussi plus sur la manière dont les autorités canadiennes leur ont fait perdre une grande partie de leur culture en les associant à des sauvages alors qu’il y avait bien plus de connaissances et de connexion avec la nature que l’on ne pourra plus jamais vraiment retrouver.
Malheureusement nous sommes arrivées un peu tard, et le musée a fermé avant qu’on est pu tout visité. J’ai quand même eu le temps de faire razzia dans le petit magasin du musée et d’acheter 3 romans écrits par des auteur·es autochtones :
- La femme tombée du ciel — Thomas King
- Le vent en parle encore — Michel Jean
- Shushei au pays des Innus — José Mailhot



Pour passer la nuit, nous avions trouvé un endroit super avec une très belle vue sur une halte municipale, malheureusement nous avons à peine pu en profiter à cause du froid et du vent. Nous sommes restées dans la voiture, avec des couches de vêtements et des couvertures toute la soirée ! Le coucher de soleil était magnifique, j’ai voulu sortir prendre des photos. Je n’ai pas tenu plus de 4 minutes dehors avant de rentrer vite vite pour me réchauffer ! Heureusement grâce à la grosse couette et les 2 couvertures que j’ai, on a pu passer la nuit sans avoir froid. Le lendemain on est vite parties pour essayer d’oublier cette sensation de froid !

Après 3 heures de route (sur la même petite route) au milieu des forets, nous arrivons finalement au Parc National de la Mauricie et il fait beau ! Pas encore chaud mais beau. C’est tellement agréable ! On fait un tour du camping, pour trouver les sanitaires les plus beaux et agréables que j’ai jamais vu dans un camping… IL Y A DU CHAUFFAGE DANS LES DOUCHES ! Je vais importer quelques idées canadiennes en France.
Le parc est immense et on passe quelques heures à débattre de quelles balades on va pouvoir faire le lendemain sachant que l’on ne reste qu’un jour et demi. Nous sommes jeudi et le parc est quasiment vide. Étant un peu épuisé des derniers jours de froid et de voyage, on préfère visiter le parc en voiture puis faire une petite balade d’une heure l’après-midi afin de se préserver pour les 5h30 de rando du lendemain.
Vendredi matin, nous voilà parties pour la rando n°15 du Lac du Pimbina. Une randonnée qui nous amène entre forêts, falaise, vue sur des lacs tous plus beaux les uns que les autres, petites rivières et ruisseaux. Cette balade est très belle, on a accès à tous les paysages. Et c’est dépaysant ! Ca y est, on est vraiment dans la nature canadienne. On s’y sent bien ! C’est calme et les paysages sont époustouflants.
La fin de la rando est un peu longue, on en a presque marre, ça monte et ça descend tous les 50 mètres et on a l’impression de ne jamais arriver.




Après cette longue randonnée à travers la Mauricie, on se pose au camping pour notre dernière nuit dans la nature avant la grande ville — Montréal est la prochaine étape.