La beauté de la Gaspésie (2)

1 Juin – 6 Juin 2023

Kilomètres parcourus : 4466km  |  Ours aperçu : 1  |  Orignal aperçu : 2

Le beau temps et la chaleur sont revenus, il fait 30 degrés ! Je voulais profiter du parc national du Forillon mais le camping n’ouvre pas avant le lendemain donc je passe la journée à Gaspé pour travailler un peu — il faut bien. Après une journée enfermée dans un café, se balader le long de l’eau en tee-shirt fait vraiment du bien. Malheureusement, le beau temps ne reste pas longtemps et le lendemain, il pleut et il fait 10 degrés. Ça m’impressionne toujours l’allure à laquelle la météo peut changer. C’est fou ! 

Je pensais aller randonner toute la journée à Forillon et finalement je me retrouve dans le centre d’accueil du parc à travailler. La wifi fonctionne passablement bien et au moins je suis au sec et au chaud. Après quelques heures à travailler, j’entends des voix familières et retrouve Frank & Patricia qui ont, eux aussi, attendu l’ouverture du camping pour venir faire un tour dans le parc. La pluie ne s’arrête pas jusqu’à la fin de l’après-midi où je pars faire une petite balade dans la Taïga (type de forêt). Le brouillard donne un petit côté fin du monde, s’il faisait pas aussi froid et humide ça aurait pu être beau ! Patricia m’invite le soir dans leur van pour manger du poisson frais. Je ne peux pas refuser une soirée avec du chauffage et du flétan ! La soirée est très agréable, entre français et anglais. J’en apprends plus sur les Acadien·nes, sur l’Alberta et sur les voyages qu’ils ont pu faire ces dernières années !

Le lendemain la pluie s’est arrêtée mais les nuages et le froid sont toujours là. J’en profite pour faire une longue balade jusqu’au Mont-Saint-Alban, belvèdere connu du parc. J’arrive toujours pas à me faire à l’idée qu’il y a 2 jours je me baladais en tee-shirt en ayant trop chaud et aujourd’hui je marche en polaire et j’ai presque froid. Heureusement la vue est très belle et à la fin de la journée le soleil et le ciel bleu reviennent doucement. De retour au camping, je prends une longue douche chaude et me prélasse à côté du feu de cheminée mis en route par les gardes forestiers. C’est un bonheur d’avoir un feu de cheminée dans les locaux du camping ! On fait même notre vaisselle à côté du feu. Le paradis — ou presque ! 

 

Dernier jour au parc Forillon avant de partir vers Percé et son Rocher.

Je fais la balade la plus connu du parc vers le Cap-Gaspé mais plus communement appelé le Bout du Monde. C’est moi où tous les pays ont un endroit qui s’appelle le Bout du Monde ?! Il y a encore quelques nuages mais le soleil est bien présent. L’arrivée « au bout du monde » est magnifique, des immenses falaises garnies d’arbres qui plongent dans l’eau. Impressionnant et beau ! Encore par hasard, je tombe sur Frank et Patricia sur le belvédère du bout du monde. On arrive toujours à se croiser sans se donner rendez-vous, c’est rigolo ! Bon, c’est aussi la balade la plus connue du parc et il fait beau.

En revenant, je marche tranquillement sur le sentier quand au loin je vois un gros truc noir. Je pense d’abord à un gros chien parce que je vois des gens un peu plus loin. Mais au fur et à mesure que je m’approche, le gros chien noir est très gros pour un chien quand même. Il a fallu qu’il tourne la tête vers moi pour que je comprenne que c’était un ours et que je m’arrête. Sinon je continuais mon chemin normalement ! Bon au final il a eu plus peur que moi et il est parti en courant quand il m’a vu. Premier ours ! 

Je reprends la route, après une longue douche au camping, sous le soleil et la chaleur (presque) ! La route 132 continue de me charmer. C’est vraiment super agréable de pouvoir rouler juste à côté de l’eau. Et les petits hameaux que je traverse sont plutôt mignon — même si c’est toujours la même architecture. Je repère assez facilement le Rocher-percé au loin. Merci la belle météo ! Effectivement, ce rocher est assez impressionnant même de loin. Le village de Percé est un peu mort — c’est le début de la saison — mais très plaisant et coloré. La lumière du golden hour est magnifique et j’en profite pour faire plein de photos. Je sais que le beau temps ne va pas durer, ils annoncent de la pluie le jour d’après.

Et ça n’a pas loupé, le lendemain matin brouillard et pluie. J’ai longtemps hésité à rester dans mon lit et lire jusqu’à ce que ça lève mais je ne sais pas pourquoi j’ai eu un regain d’énergie et à 8h45 j’étais dans le bateau direction l’île Bonaventure. Le contraste entre la veille où tout était beau, lumineux, et coloré et ce matin où le ciel est tellement bas que je n’aperçois même pas le Rocher Percé est fascinant. Encore une fois, la météo change très très très vite. Sur le bateau, la sensation est particulière. C’est le premier bateau de la journée. Je suis entourée de biologistes qui font des études sur les oiseaux de l’île, des gardes forestiers qui commencent leur journée et de deux autres touristes qui ont été aussi matinaux que moi. Le brouillard est tellement épais qu’on ne voit pas à 2 mètres. Je ne saurais pas décrire l’atmosphère aussi bien qu’elle mais j’ai l’impression d’être dans un des bouquins de Fred Vargas où Adamsberg part en Islande. Je ne sais pas pourquoi mais être sur ce bateau me fait la même sensation que lire ces lignes me donnaient. 

Une fois sur l’île, il faut payer l’entrée du parc. Je ne peux pas le faire en ligne, je n’ai plus de data. Et apparement je ne peux pas non plus  le faire sur place, la machine ne fonctionne pas. Ils me disent de repasser à mon retour. L’île n’est pas très grande mais il y a quelques sentiers de fermés. Les deux seuls ouverts sont ceux que je voulais faire ! L’univers est avec moi. Il pleut, il fait froid, et le brouillard est toujours bien présent. Heureusement, je suis bien équipé avec mes 2 polaires, mon bonnet, mes grosses chaussettes, mon coupe-vent, mon k-way et mon protège-sac. Oui oui tout ça. J’ai un look digne de la Fashion Week. 

Avec ce temps, je n’ai aucune idée de ce que je vais pouvoir voir. L’île est un réserve protégée et abrite normalement l’une des plus grandes colonies de fous de Bassan au monde mais fin Mai, c’est tout juste le début de leur migration. Tout le long de la balade, je me demandais ce que je foutais là sous la pluie s’il n’y avait que 3 oiseaux qui se battaient en duel. J’ai bien demandé, avant de prendre le bateau, à un des gardes si ça valait le coup. Il m’a répondu que oui et que la colonie n’était pas très grande encore mais qu’il y avait quelques oiseaux. 

Je les ai entendu avant de les voir. Marcher dans le brouillard et entendre des oiseaux qui piaillent, c’est très particulier. Je ne saurais comment le décrire. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avant de les voir. Je n’ai pas été déçue. En effet, il y avait quelques oiseaux. Disons plus quelques CENTAINES d’oiseaux. Impressionant ! Des oiseaux sur le sol à perte de vue qui couvent leur oeuf. Un bruit infernal et une odeur immonde mais le spectacle est hallucinant !

Le naturaliste sur place m’a expliqué qu’une grande partie de la colonie avait été décimée l’année dernière par la grippe aviaire. Mais que celle-ci avait été la plus épargné contrairement à d’autres colonies à Terre-Neuve et au Royaume-Uni. Tous les nids sont construits à 50 cm les uns des autres. Les fous de Bassan sont très protecteurs envers leurs nids. Les adultes se relaient pour couver les œufs, en les gardant au chaud et en les protégeant des intempéries. Et ils utilisent des cris d’alarme et des comportements agressifs pour dissuader les intrus et protéger leurs nids et leurs petits. La colonie s’étend sur toute la partie ouest de l’île.

Après être restée une heure à les observer & à parler au naturaliste, je reprends ma route. On se refroidit vite quand on bouge pas sous la pluie ! Le sentier de ce côté de l’ile est bien plus agréable, on longe les falaises. Et même à travers le brouillard, j’aperçois l’océan. Je croise un couple qui me dit avoir vu des phoques un peu plus loin. Décidément, il fait pas beau mais c’est un bonne journée pour observer les animaux sauvages ! Les phoques se reposent sur la plage et reprennent des forces avant de repartir chasser dans l’eau. En observant ces gros trucs qui ont l’air tout mou, je me demande vraiment pourquoi certains animaux n’ont pas évolué correctement. Ils pèsent 500 kilos, ont seulement deux petites nageoires sur le côté, n’ont pas de pieds et n’ont pas de branchies. Donc ils sont obligés de tirer leur poids sur la plage où sur les cailloux pour se reposer, en essayant d’avancer comme ils peuvent. Ça me fait penser à nos cours de gym, où on devait faire le ver en avançant sans l’aide de nos bras ou nos jambes. On ressemblait exactement à ces phoques. Donner des pauvres branchies à ces animaux, ils sont fait pour être dans l’eau pas sur terre ! 

Le ciel n’est pas aussi bas que le matin, mais les nuages et la pluie sont toujours là. La machine ne fonctionnant toujours pas, la garde forestière m’a fait cadeau du ticket ! Vraiment une bonne journée. Moral de la journée: il faut se lever même quand le cerveau te dit de te recoucher. Par contre maintenant je suis trempée, j’ai froid et ma voiture me fait plus penser à un frigo qu’à un espace cosy. J’ai longtemps hésité à continuer ma route mais j’ai finalement opter pour prendre une chambre dans un motel et me réchauffer. Rien de bien fancy mais la nuit au chaud à fait du bien après une journée comme ça. Les jours suivant n’ont pas été bien intéressant, je les ai passé à conduire, à faire le tour des cafés et de temps en temps à faire des petites balades.

Le roadtrip au Québec se termine ici. Le Nouveau-Brunswick m’appelle !